Faire carrière en étant maman

Faire carrière en étant maman

Témoignage d'une amies, Valérie 34 ans. 

Durant les 20 dernières années, j’ai travaillé dans 8 entreprises différentes. La première dans laquelle j’ai été embauchée était une grande entreprise du monde ferroviaire français (pour ne pas la citer…). J’avais 23 ans et je venais de terminer mes études de gestion. J’ai grimpé les échelons rapidement. Puis quelques années plus tard, j’ai eu une opportunité dans un autre grand groupe toujours dans le secteur du transport. Une nouvelle fois, j’ai pu monter très vite. À 30 ans, j’avais un poste à responsabilité.

 

 

Je ne comptais pas mes heures, et j’aimais cela. J’arrivais le matin à 8h00 et repartais rarement avant 20h30. Ce ne me dérangeait pas. Mon travail était comme ma maison, mes collègues comme ma famille. Et j’aimais cette ambiance feutrée dans les bureaux après 18h00. Parce qu’après 18h00, l’entreprise offre un autre visage.


À 18h00, les parents ne sont plus là

Après 18h00, dans les bureaux, l’ambiance est studieuse. Le soleil est couché, et les néons ont pris le relais. Ceux qui restent ne le font pas pour le plaisir mais parce qu’ils ont du travail. Ou alors, comme moi, ils n’ont juste pas envie de rentrer. À la maison, personne ne m’attend. Et puis si je rentre tôt, je vais devoir me faire à dîner, et ranger ma maison.

Rentrer tard me sert d’excuse pour ne pas m’occuper du ménage et manger mal. Avec un peu de chance, à 20h00, un collègue qui n’a pas envie de rentrer chez lui non plus me proposera de commander une pizza. Je l’avoue, à cette époque, je pensais être bien plus productive que les autres avec ce rythme.

En réalité, je n’en faisais pas plus que les autres. Puis la crise de la trentaine est venue frapper à ma porte.

L’envie d’un enfant

Quelques mois auparavant, les enfants me dégoûtaient. Quand au repas de famille on me demandait « et toi c’est pour quand ? », je répondais que ça n’arriverait jamais.

Quelques mois après mes trente ans, une collègue de travail me parlait à la machine à café. Je ne l’écoutais qu’à moitié. Elle parlait de son week-end avec son mari et son fils. Ses histoires ne m’intéressaient pas du tout. Tandis qu’elle parlait, j’imaginais dans ma tête sa vie, avec des biberons, des couches, son mari devant la télé pendant qu’elle s’occupe de tout. En clair, tout ce dont je n’avais pas envie.

Par hasard, ce jour-là, nous avions tous reçu l'ordre de quitter les bureaux à 17h00. En effet, une entreprise venait nettoyer les moquettes de tous les étages. Me voilà donc chez moi avant 18h, ce qui ne m’était pas arrivé depuis le lycée. Je suis chez moi et je ne sais pas quoi faire. Cuisiner ? Le frigo est vide et à part mettre des barquettes au micro-onde je ne sais rien faire. Je pense à appeler des amis pour sortir. Bingo, je vais appeler ma copine Delphine et on va aller boire quelques verres de Vodka. Je prends mon téléphone et l’appelle. Elle décroche et me demande ce que je deviens depuis tout ce temps. Je réalise que ça fait 7 ans que nous ne nous sommes pas vues. Je lui propose de sortir ce soir. Elle me répond qu’elle est séparée depuis quelques mois et qu’avec son fils de 4 ans c’est impossible. Je tombe de haut, elle est maman !

Je reste donc chez moi ce soir-là. Un sentiment mélancolique m’envahit. Je suis seule, personne ne s’inquiète de moi, personne ne dépend de moi. Depuis près de 10 ans je m’intéresse qu’à ma carrière professionnelle.

C’est ce soir où j’ai ressenti comme des fourmis dans le ventre. Mon corps le réclamait. J’ai eu envie d’un enfant (et aussi de l’homme qui va avec dans les contes de fées).

 

 

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Fonder une famille.

Je ne sais pas ce que je valais physiquement. Pendant 10 ans, seule ma carrière importait. Je me suis regardée dans le miroir au sens propre du terme. J’aime bien mon visage, mais il semble que les soirées pizzas au bureau aient apporté quelques formes à mes hanches et à ma poitrine. Bon, va falloir que je me reprenne un peu en main. Un peu de sport, et une alimentation un peu plus saine devraient faire l’affaire.

 

 

Ça tombe bien, le week-end je ne sais jamais quoi faire. Je commence à courir tous les Samedi et Dimanche matin dans le parc non loin de chez moi. Au début c’est très dur. Mais à chaque séance je me sens un peu mieux. Et je perds rapidement quelques kilos.

C’est au cours d’une de ces séances de course à pied que je rencontre Pierre. Il m’aborde avec la plus nulle des disquettes : « c’est pour fuir qui que vous courez comme ça ». Je ne sais même pas pourquoi j’ai rigolé. Ce petit rire, allait transformer ma vie.

Trois ans jour pour jour après cette rencontre, je donnais naissance à une petite Elie.

 

 

Ma carrière a ralenti en devenant maman

Au travail, j’ai eu la sensation étrange de ne plus être considérée comme avant. Le regard de mes supérieurs avait changé.

D’abord il y a eu mes 6 mois de congé maternité. En revenant au bureau, les missions qui m’étaient confiées étaient les moins intéressantes. On me refilait les dossiers faciles, petits, sans valeur.

Puis j’ai vu des collègues plus jeunes, moins expérimentées que moi avoir des promotions et se retrouver au-dessus de moi. Pour la première fois de ma vie, on m’a refusé une augmentation.

J’ai pensé que c’était parce que j’étais basculée dans le clan de ceux qui quittent le bureau à 17h00. Battante, j’ai fait appel à une agence de babysitting pour me permettre de travailler plus tard et retrouver enfin mon statut.

Malgré tous mes efforts, je n’avançais plus dans l’entreprise. J’avais été cataloguée « maman ». Et cette image me collait à la peau. Pourtant, la qualité de mon travail était toujours aussi bonne. Voire même meilleure qu’avant la naissance d’Elie. Je bossais moins mais j’étais bien plus efficace. J’abattais plus de boulot en 7h que ce que je faisais avant en 14h !

 

L’image des parents dans l’entreprise

Heureusement, ce n’est pas partout comme ça, mais il y a des entreprises dans lesquelles la maman est vue comme : 

  • Celle qui arrive à 9h et part à 17h.
  • Celle qui ne fait jamais d’heures supplémentaires quand on a besoin.
  • Celle qui est absente parce que son gamin est malade.
  • Celle qui passe son temps à faire voir des photos de ses enfants au lieu de travailler.

C’est comme ça que je me suis sentie être progressivement placardisée. 

J’ai continué de me battre pour retrouver ma place de moteur de l’entreprise. Mais je me suis épuisée pour rien. Je sacrifiais du temps avec Elie et Pierre pour rien.

Pierre (qui est un homme formidable et que j’aime tellement) m’a mis face à la réalité avec douceur : « Peut-être que cette entreprise n’est plus ce qu’il te faut ». Il avait raison. Je suis partie de cette entreprise.

J’ai pris le temps d’en chercher une dans laquelle je trouverais ma place. J’ai changé de secteur. Terminé les transports, je suis maintenant dans l’intérim. Et vous savez quoi ? J’ai très vite pris du grade. Au bout de trois ans, je suis arrivée à un poste de directrice, tout en rentrant à la maison avant 19h30.

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